Testimonials: “We only wanted one child”

Je voudrais qu’on respecte notre choix

Pauline, 32 ans, un garçon de 14 mois

Depuis toute petite, j’ai toujours désiré plusieurs enfants. Au moins deux : un garçon et une fille. Je rêvais aussi d’un mariage, une maison, un chien… Tous les souhaits d’une petite fille ! J’ai rencontré l’homme de ma vie en 2006. Mon compagnon ne souhaite pas se marier et si nous avons réussi à être propriétaires, pour le moment, ce n’est que d’un appartement, mais pas d’une maison comme nous l’aurions voulu. Aucune importance, car je suis une femme heureuse et une mère épanouie. Nous avons attendu 13 ans avant d’avoir notre premier enfant. Parce que nous voulions tous les deux avoir des situations professionnelles stables. Je suis une ancienne militaire. J’ai dû attendre longtemps avant de trouver un poste dans la société civile. J’ai maintenant une bonne situation. Pendant tout ce temps, nous avons senti une grande pression de notre entourage pour avoir un enfant. Ça a été très dur moralement, comme si c’était une obligation ! Heureusement, dès que nous avons pris notre décision, j’ai été enceinte tout de suite et un beau petit garçon est né en août 2018. Dès le début, nous avions décidé de n’avoir qu’un enfant. Première raison, notre âge. J’ai 32 ans, mon conjoint 37. Pour moi, il faut vraiment avoir la pêche pour élever un enfant ! Deuxième raison : le monde d’aujourd’hui. Quel acte égoïste de faire des enfants quand on voit le monde que l’on est en train de leur donner ! Cette terre polluée, le chômage, le coût de la vie… C’est terrible de savoir qu’à cause de notre impact écologique sur la planète et du changement climatique qui en découle, mon enfant ne connaîtra jamais les vacances de Noël sous la neige. Le seul truc pas du tout écolo qu’on se permet, ce sont les voyages en avion. On veut continuer à voyager loin, à trois !

 

Il y a aussi l’aspect financier

Si mon fils me dit plus tard qu’il veut faire des études longues, je sais que nous pourrons les financer sans problème. Nous pourrons toujours profiter de la vie à deux ou à trois. Enfin, même si j’ai adoré ma grossesse, ça abîme et transforme le corps pour toujours. Mon corps a changé. Mon mari m’a aidée à l’accepter. Il m’a dit “Ok, ton ventre ressemble à de la mousse au chocolat, mais c’est ton nouveau corps, et on va apprendre à l’aimer tous les deux”. Pendant ma grossesse, j’ai pris 11 kg et je voulais vraiment les perdre. J’ai réussi en arrêtant de grignoter et en faisant du sport. Deux fois par semaine, je laisse mon fils à son papa et je vais à la salle de sport. Je fais aussi du footing, ça me vide la tête… Aujourd’hui, la pression pour faire un deuxième enfant est terrible. Des gens me disent : “Oui, moi aussi j’ai dit ça et deux ans après, j’en ai fait un 2e”. Ou encore : “Mais vous êtes égoïstes, il faut lui faire un frère ou une sœur, tu vas en faire un enfant-roi…”. Notre fils, nous l’avons désiré. Il ne manquera de rien et surtout pas de l’amour de ses parents. J’aimerais tellement que tous ces gens qui nous donnent des conseils respectent notre choix. »

 

Je me suis fait ligaturer les trompes

Emmanuelle, 37 ans, 1 fille de 9 ans

Je ne dis pas que j’ai un SEUL enfant, mais bien que j’ai un enfant. Elle n’est pas seule. Elle est entourée de ses cousins et cousines, de ses tontons et taties, de ses grands-parents, de ses copains et copines, et surtout de ses parents. Avant, quand je pensais à ma famille idéale, je visualisais deux enfants. Je viens d’une famille de trois et mon mari d’une famille de deux. Quand j’ai su que j’étais enceinte, j’ai ressenti beaucoup de joie. La grossesse a été un peu compliquée. J’ai eu des vomissements jusqu’à quatre mois, beaucoup de contractions et une menace d’accouchement prématuré. Finalement, Margot est née à terme. J’ai accouché rapidement, sans péridurale, le 13 décembre 2010. Un chouette souvenir ! Trois ans plus tard, j’ai ressenti le désir d’avoir un autre enfant. Après quelques mois d’essais, j’ai cru être enceinte. J’ai paniqué. La première pensée que j’ai eue, c’est : “Je ne suis pas faite pour avoir deux enfants”. Je ne me sentais pas capable de donner de l’amour à un 2e bébé. Finalement, je n’étais pas enceinte. Suite à ça, nous avons eu une discussion de couple pendant laquelle j’ai dit à mon mari que je ne voulais pas d’autre enfant et il a été très soulagé. Lui aussi n’en voulait pas et il n’osait pas me le dire ! Comme quoi, c’est important de discuter dans un couple ! On s’est dit que notre famille était bien à trois et pas à quatre. A trois, on peut se permettre plus d’activités qu’à quatre, cinq ou plus. Par exemple, aller au cinéma, au restaurant ou à l’accrobranche, alors que si on devait payer une place en plus, on ne le ferait pas forcément. Récemment, on a même emmené notre fille à Venise. Je pense que s’il avait fallu payer quatre billets d’avion, on ne l’aurait pas fait.

Mon mari n’osait pas me le dire mais il ne voulait qu’un enfant


J’ai la chance d’avoir un gynécologue à l’écoute et qui a accepté de pratiquer sur moi une ligature des trompes. À 35 ans, avec un enfant, ça n’était pas gagné. Mais après le délai de réflexion et les différents rendez-vous, je me suis fait opérer en janvier 2019 et je ne regrette absolument pas mon choix. Les retours les plus négatifs sont venus des copines de mon âge. L’une m’a dit : “Je ne supporterais pas de savoir que je ne serai plus jamais enceinte”. Alors que pour moi, ça a été un vrai soulagement ! Une fois, une personne m’a même dit : “Mais s’il vous arrive quelque chose, votre fille se retrouvera toute seule !”. J’ai trouvé ces propos horribles. Comme si avoir deux enfants les rendrait moins malheureux s’il nous arrivait quelque chose ! Comme s’il fallait faire des enfants “au cas où” ! Aujourd’hui, nous formons donc une famille de trois personnes. Certains peuvent penser qu’elle est bancale… mais pour moi, elle est complète ! »

 

«Je ne veux pas revivre une césarienne…»

Jennifer, 28 ans, une fille de 4 ans

Encore récemment, on nous a demandé quand nous allions faire le deuxième. On a répondu tous les deux qu’on s’arrêterait là et qu’il n’y en aurait pas d’autres. J’aime ma fille à la folie, je ne passe pas une journée sans elle. Nous sommes tous les trois très fusionnels. Mais j’ai décidé d’avoir un seul enfant et mon avis ne changera pas. J’ai adoré être enceinte, d’autant que ça a pris du temps : un an et demi ! Mais dans mon cas, l’accouchement a été un tel traumatisme que quand j’en parle, ça me fait monter les larmes aux yeux. Je ne voulais pas avoir de césarienne, ni de péridurale. J’avais imaginé un accouchement idéal : je voulais faire du peau-à-peau avec mon bébé et que mon compagnon coupe le cordon. Au lieu de ça, j’ai eu une césarienne en urgence et je n’ai pas pu tenir mon bébé dans les bras tout de suite. Au moment de l’accouchement, j’avais presque atteint le terme. J’ai eu deux déclenchements, car le premier n’a pas fonctionné pour suspicion de fissure de poche, et plusieurs jours à l’hôpital, la douleur était tellement insupportable que j’ai fini par accepter une péridurale. J’en aurais pleuré de déception. Ce soir-là, il s’est passé quelque chose de terrible : c’était les attentats au Bataclan à Paris. Nous étions dans notre bulle et nous ne savions pas ce qui se passait à l’extérieur. Avec la sage-femme, on s’est dit qu’il valait mieux pour notre bébé qu’il naisse après minuit. Au moment de pousser, le bébé ne sortait pas. Je n’arrivais pas à accoucher. Il se trouve que le cordon était trop court et mon bébé ne pouvait pas sortir. Il a été décidé de faire une césarienne en urgence et mon compagnon n’a pas pu m’accompagner. J’ai eu une anesthésie, mais même si on ne sent pas la douleur, on voit tout. Il n’y a qu’un voile qui protège, c’était impressionnant.


J’avais imaginé un accouchement idéal…


Ne pas avoir pu la toucher, faire le peau-à-peau ou voir mon homme couper le cordon. Rien de tout ça n’a été possible. La première image que j’ai vue, c’est elle et son papa en peau-à peau. C’est une belle image, mais pour moi l’accouchement reste un échec. Bien sûr, cette césarienne a été réalisée pour le bien de mon bébé, mais je ne veux pas revivre ça Or, comme une césarienne en cache bien souvent une autre*, c’est hors de question. Cette cicatrice sur mon ventre, je l’aurai toujours. Quatre ans après, quand je me vois dans le miroir, je ne peux toujours pas la regarder. Donc, pour moi, c’est non, ma fille restera fille unique. »


*N.D.L.R. : Il est possible d’accoucher par voie basse après une césarienne, il s’agit alors d’un AVAC, possible dans toutes les maternités.

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