La crèche pour moi, c’était une évidence… Dès que j’ai appris ma grossesse, j’ai décidé que je pouponnerais pendant quelques mois, puis que je reprendrais mon travail après avoir confié mon bébé à la crèche. Je n’imaginais pas autre chose, ayant été moi-même accueillie dans une crèche les trois premières années de ma vie, une structure d’accueil cinq étoiles d’après ma mère.
Seulement, la pénurie de crèches aidant, je n’ai pas trouvé de place, même en m’y prenant très tôt. Je n’avais donc pas d’autre choix que de me tourner vers une assistante maternelle. Cela me semblait pourtant impossible de confier ma petite fille à une femme inconnue dans un appartement qui ne serait pas le mien. Mais il m’a bien fallu me faire à cette idée, et le cœur lourd, j’ai commencé à chercher une nounou. J’en ai rencontré une, deux, puis trois, mais à chaque fois, je trouvais que ce n’était pas la personne qu’il fallait pour mon bébé. Mon mari a fini par me faire entendre raison et j’ai accepté que la quatrième soit celle à qui j’allais confier mon trésor. C’était une femme d’une quarantaine d’années, avec beaucoup d’expérience, et qui m’était recommandée par une voisine qui avait fait garder son fils par cette dame. Le premier jour où j’ai laissé ma fille, j’avais le cœur en berne et le ventre noué. Pourtant, la période d’adaptation s’était passée sans problème. J’avais imaginé que ma fille allait pleurer en me voyant partir, refuser de prendre son biberon… Mais non, Miléna a très rapidement accepté sa nounou ! Au lieu de me rasséréner, cela m’a fait plutôt mal.
Une jalousie violente
Très vite, je me suis dit que mon bébé allait préférer sa nounou à moi, sa maman. Je savais que c’était irrationnel de penserça, mais mon fantasme, au fond, c’était que la nounou allait prendre la première place dans le cœur de mon enfant. Pourtant, je devais reconnaître que l’assistante maternelle était plutôt sympathique et avait un bon feeling avec ma fille. Miléna lui a très vite fait de grands sourires, prenait sans problème ses biberons… alors que moi, j’avais toujours peiné à lui faire finir son lait. Le pire, c’est que la nounou me disait qu’elle faisait de grandes siestes chez elle alors qu’à la maison, c’étaient des siestes entrecoupées de pleurs. J’ai commencé par me dire : « Mais qu’est-ce que cette femme a de plus que moi pour que Miléna lui fasse la fête comme ça… »
En réalité, j’étais très ambivalente : bien sûr, j’étais contente que tout se passe bien, mais j’avais toujours une petite alarme dans ma tête qui me disait insidieusement “ma fille va finir par me rejeter puisqu’elle est si bien avec sa nounou”… J’étais envahie par des sentiments complètement contradictoires ! C’est vrai qu’à la naissance de mon bébé, je n’étais pas très sûre de moi, j’étais jeune, à peine 24 ans. Au lieu de me réjouir que tout se passe dans le meilleur des mondes avec la nounou, je m’inventais des angoisses. Mon mari se moquait gentiment de moi en me disant que je préférerais peut-être récupérer le soir notre fille en larmes, hirsute et dans tous ses états ! Il essayait de dédramatiser les choses en tournant tout ça en dérision.
Les deux premiers mois où j’ai laissé Miléna à sa nounou pour retravailler, j’avais toujours le cœur serré. Moi qui avais déjà du mal à la confier aux grands-mères, c’est dire ! Au début, j’appelais la nourrice trois ou quatre fois dans la journée pour être sûre que tout allait bien, et aussi pour prouver que j’étais toujours bien présente, même en n’étant physiquement pas là. Mon comportement était, somme toute, assez infantile, mais heureusement, la nounou ne s’en formalisait pas. Je crois qu’elle comprenait mon désarroi de jeune maman. Mais je n’arrivais pas à chasser l’idée fixe qui s’était emparée de moi : et si ma petite fille adorée allait vraiment préférer sa “merveilleuse” nounou à sa maman ? Au fond de moi, je n’y croyais pas vraiment, mais cela m’obsédait quand même. Il faut dire que ma puce au début y a mis du sien : les premiers temps, quand je revenais la chercher le soir, elle faisait comme si je n’étais pas là, je la prenais dans mes bras pour lui faire un câlin, et elle, elle détournait ostensiblement la tête. La nounou avait beau me dire que c’était un comportement normal et que ma fille, en quelque sorte, me boudait de l’avoir laissée toute la journée et qu’en gros, c’était une preuve d’amour, rien n’y faisait et je m’inventais toujours des scénarios catastrophes !
Un soir, Miléna s’est mise à pleurer quand je l’ai prise des bras de la nounou pour l’emmener à la maison. Là, ça a été terrible, je me suis dit : « Ça y est, elle ne veut pas rentrer avec moi. J’en ai eu les larmes aux yeux. J’étais à fleur de peau. Je me suis sentie dévalorisée. Je sais que c’est un peu fou, mais à cette époque, j’étais très peu sûre de moi, en général, même assez démunie, face à mon rôle de mère.
C’est mon mari qui a dénoué la situation
Si mon mari n’avait pas été là pour remettre les pendules à l’heure, je crois que j’aurais pris un congé parental, alors que nous ne pouvions pas nous le permettre financièrement. Alors, je me suis résignée, avec quelques insomnies en prime. Au début, je continuais à maudire la nounou, que ma fille appelait “Tatie”. C’était comme une super maman modèle avec qui je ne pouvais tout simplement pas rivaliser. Et puis, petit à petit, je me suis apaisée. Miléna se portait comme un charme, s’épanouissait, gazouillait à qui mieux mieux. Il a fallu que je me rende à l’évidence. La nounou n’était pas une “voleuse d’amour”, comme je me le disais les deux premiers mois. J’ai compris que l’assistante maternelle n’était pas ma rivale, et que le principal, c’était que ma puce se sente bien, tout simplement. C’est vraiment mon mari qui m’a aidée finalement. Il a réussi à me faire avoir des fous rires en m’imitant face à la nounou, et ça m’a permis de prendre du recul. L’essentiel, c’est que ma fille se porte comme un charme. Finalement, que demander de plus !