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Qu’est-ce qu’une césarienne itérative ?
On dit d’une césarienne qu’elle est itérative lorsqu’elle est pratiquée chez une femme qui a déjà accouché par césarienne auparavant, à l’issue d’une précédente grossesse. Le terme “iterative” signifie en effet “qui est répété plusieurs fois“.
Il est souvent admis qu’une femme ayant accouché par césarienne est en quelque sorte “convicted” à accoucher de nouveau par césarienne lors d’une nouvelle grossesse. C’était le cas jusqu’à il n’y a pas encore si longtemps, du fait de la difficulté d’accoucher avec un scarred uterus. Mais avec l’amélioration des techniques de césarienne, la césarienne itérative se fait plus rare, et une femme ayant eu une césarienne pourra le plus souvent accoucher par voie basse par la suite, lors d’une nouvelle grossesse.
Rappelons que le taux de césarienne oscille autour de 20% des accouchements en France, au lieu des 10% recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Comme la césarienne demeure une opération chirurgicale, avec tous les risques et complications que cela comporte, et les désavantages présumés pour la santé du bébé, les gynécologues obstétriciens auront donc toujours tendance à envisager un accouchement par voie basse après une première césarienne. On estime que 50 à 60% des femmes “césarisées” accoucheront par voie basse à l’issue d’une nouvelle grossesse.
Quand pratique-t-on une césarienne itérative ?
Jadis, chez nos grands-mères, les gynécologues obstétriciens avaient d’office recours à la césarienne itérative dès lors qu’une première césarienne avait été pratiquée auparavant. Actuellement, le choix de faire ou non une césarienne itérative se décide généralement au cas par cas, selon les caractéristiques de la grossesse et le choix de la future maman.
“L’utérus cicatriciel n’est pas en lui-même une indication de césarienne programmée. Les comptes rendus des interventions antérieures sur l’utérus et de l’éventuel travail ayant abouti à une césarienne sont utiles pour choisir le mode d’accouchement”, détaille ainsi la Haute Autorité de Santé (HAS). “En cas d’antécédent d’une césarienne, au vu des risques maternels et périnataux, il est raisonnable de proposer une tentative [d’accouchement par] voie basse, sauf en cas de cicatrice corporéale”, c’est-à-dire d’une cicatrice couvrant le corps de l’utérus.
Cependant, la HAS estime qu’en cas d’antécédent de trois césariennes ou plus, il est recommandé de proposer une césarienne programmée.
En bref, la question de pratiquer ou non une césarienne itérative sera prise au cas par cas, selon les caractéristiques de la grossesse :grossesse multiple ou non, présence d’un placenta accreta ou d’un placenta praevia, présentation du bébé par le siège ou dans une position compliquée, utérus cicatriciel, poids et morphologie du bébé, préférence de la patiente…
Reste qu’il sera vivement conseillé à une femme ayant déjà accouché par césarienne d’accoucher en maternité (de type 2 ou 3 de préférence) plutôt qu’à domicile ou en maison de naissance, pour qu’une césarienne itérative en urgence soit pratiquée en cas d’échec d’accouchement par voie basse (risque de rupture utérine trop grand, souffrance fœtale…).
Comment se déroule une césarienne itérative ?
Le déroulement d’une césarienne itérative est semblable à celui d’une césarienne “classique”, à la différence près que la césarienne itérative est souvent une césarienne programmée. L’incision est généralement pratiquée sur l’ancienne cicatrice de césarienne, ce qui peut permettre au chirurgien gynécologue d’améliorer l’aspect de la cicatrice, lorsqu’elle est un peu disgracieuse ou a mal cicatrisé.
Notons que lorsqu’elle est programmée, la césarienne itérative peut permettre de s’organiser à la maison et lors de l’accouchement : pour garder les enfants, assister à l’accouchement pour le conjoint, faire du peau-à-peau avec bébé, etc.
Césarienne itérative : y a-t-il des risques de complications ?
Du fait de la césarienne précédente et de sa cicatrice, la césarienne itérative peut donner lieu à un accouchement plus long et/ou un peu plus complexe. La cicatrice précédente peut avoir engendré des adhérences entre différents organes, comme entre la vessie et l’utérus, au niveau de la paroi abdominale…
S’il a des difficultés à atteindre l’utérus, le chirurgien peut choisir de couper l’ouverture aux ciseaux plutôt qu’avec les doigts, notamment s’il y a urgence pour la santé du bébé (souffrance fœtale). Cette incision peut engendrer une plus grande perte de sang et des douleurs plus fortes. Dans l’urgence, le chirurgien risque, plus rarement, d’endommager la vessie ou de blesser le bébé. C’est pourquoi les médecins préfèrent programmer une césarienne itérative plutôt que de la réaliser en urgence lorsque la tentative d’accouchement par voie basse a échoué. D’où l’importance de bien discuter de toutes les éventualités liées à la césarienne itérative en amont, et de bien évaluer la benefit / risk balance avant de procéder ou non à un accouchement par voie basse après une césarienne.