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En France, la péridurale arrive en tête des solutions antidouleur. Souhaitée avant le jour J ou décidée en cours de travail… plus de 8 femmes sur 10 y ont recours lors d’un accouchement par voie naturelle. Chacune a son propre seuil de tolérance à la douleur : pour deux femmes sur trois, le travail et l’accouchement déclenchent des douleurs aiguës intenses*. Une étude les situe plus fortes que les douleurs d’une fracture… La douleur physique peut en plus être majorée par une souffrance psychique : peur de la douleur ou de l’accouchement, angoisse que ça se passe mal, impression de ne rien maîtriser… D’où l’importance d’une bonne préparation en amont. Pendant des siècles, les femmes ont fait avec ce “mal joli” comme on le surnommait. De nos jours, la majorité des femmes souhaitent que ça se passe sans douleur et ont recours à la péridurale. Une question de confort donc, mais pas seulement !
Pourquoi demander la péridurale ?
La péridurale a aussi un côté sécuritaire, souligne le Dr Lemaitre, anesthésiste-réanimateur, et permet en cas d’imprévu d’effectuer rapidement certains gestes (césarienne, extraction instrumentale, révision utérine…) en évitant de recourir à une anesthésie générale, particulièrement à risque chez la parturiente. Pour certains accouchements qui nécessitent parfois d’intervenir vite, les médecins la recommandent. C’est le cas si votre bébé est en siège ou si vous avez un utérus cicatriciel, mais également si vous attendez des jumeaux. Sachez toutefois qu’on ne vous l’imposera jamais et que le choix vous appartient.
Est ce que la pose de péridurale fait mal ?
Poser une péridurale consiste à injecter un anesthésique local et un dérivé morphinique très dilués, dans l’espace péridural, là où sont situées les racines nerveuses de la zone de l’utérus et du petit bassin.
LE BUT ? Soulager les douleurs des contractions utérines tout en préservant les facultés motrices. Ce qui est indispensable pour être active le moment venu quand il s’agira de pousser le bébé vers la sortie. On utilise de toutes petites concentrations afin d’agir uniquement sur les racines nerveuses les plus fines, celles où chemine la douleur. L’anesthésiste va d’abord pratiquer une anesthésie locale pour endormir la peau du dos – ça picote ! –, puis enfonce délicatement une aiguille dans l’espace péridural, entre deux vertèbres lombaires. Vous sentirez juste une pression au niveau du dos suivie d’une sorte de barre en bas du dos. Une fois en place, il glisse par l’aiguille un cathéter (fin tuyau) qui sera relié à une pompe automatique. L’aiguille est alors retirée. L’anesthésiste s’assure ensuite du bon positionnement du cathéter. Combien de temps dure la péridurale ? Le produit agit en une quinzaine de minutes et aussi longtemps que nécessaire grâce à un débit continu, programmé par l’anesthésiste.
BONUS : si la douleur réapparaît, les mamans peuvent s’auto-administrer des petites doses complémentaires de produit grâce au système PCEA (analgésie péridurale contrôlée par le patient). Ce système permet d’ajuster finement les doses d’anesthésiques.
Quand poser la péridurale ?
Pour en profiter pleinement, mieux vaut se décider avant que les contractions soient trop intenses et rapprochées (on fixe souvent 7 cm de dilatation comme limite). Sinon, vous risquez d’avoir des difficultés à rester immobile durant la pose ! Dans l’idéal, on préfère aussi attendre que le col soit ouvert à 3 cm – signe que le travail a vraiment débuté – pour la mettre en place. Mais ne soyez pas trop inquiète, si vos contractions sont insupportables, alors que le col est à peine entrouvert, ou si vous vous décidez très tardivement, l’anesthésiste fera tout pour vous soulager.
Quelles sont les contre-indications à la péridurale ?
En dehors de certaines contre-indications médicales (trouble de la coagulation sanguine, infection sévère avec fièvre, allergie avérée aux anesthésiques locaux, infection cutanée à l’endroit de la piqûre, certaines rares pathologies neurologiques), une grande majorité de femmes peuvent bénéficier d’une péridurale si elles le souhaitent. Pas d’inquiétude donc si vous arborez un tatouage dans le bas du dos !
Néanmoins, il existe certaines situations particulières : antécédent de fracture du dos, scoliose, obésité… qui peuvent rendre la pose d’une péridurale plus compliquée, voire impossible. Mieux vaut faire le point avant le jour J. On recommande ainsi à toutes les mamans de voir l’anesthésiste en consultation au 8e mois. Après un interrogatoire et un examen clinique complet, le médecin vous prescrira une prise de sang pour vérifier que tout est OK. Ces précautions sont indispensables pour limiter la survenue de complications.
Pour ou contre la péridurale ? Vos témoignages et avis à lire ici.
Quels sont les risques de la péridurale ?
Comme tout acte médical, la péridurale peut entraîner des effets secondaires passagers : engourdissement des jambes, petite chute de la tension artérielle, démangeaisons, difficultés à uriner. De même, il arrive que l’analgésie ne soit pas assez forte ou latéralisée… Rien de grave ni d’ingérable ! Dans moins d’1 % des cas, il peut arriver que l’aiguille de la péridurale traverse la dure-mère, une petite membrane délimitant l’espace péridural. Conséquence : du liquide céphalorachidien peut s’écouler et provoquer des maux de tête. Côté obstétrical, la péridurale a longtemps eu mauvaise presse, accusée de ralentir le travail ou d’accroître le taux de césariennes. Avec les dosages employés aujourd’hui, les études ont montré le contraire. De même, elle n’a aucune influence néfaste sur le bébé. Quant aux complications très graves, elles sont rarissimes. Et comme le souligne le Dr Lemaitre, probablement inférieures au taux de complications qui pourraient survenir sans péridurale. Une fois en place, en cas d’urgence, les médecins peuvent intervenir rapidement. Parfois de précieuses minutes gagnées !
* http://www.cnrd.fr/Douleur-du-travail-et-de-l.html
64 % des femmes souhaitaient une analgésie péridurale avant d’accoucher (Source : enquête périnatale 2016)