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Bodily surrender
What is it ?
En complément d’information, vous pouvez consulter la fichePsychothérapie. Vous y trouverez une vue d’ensemble des multiples approches psychothérapeutiques — incluant untableau guidepour vous aider à choisir les plus appropriées — ainsi qu’un exposé sur les facteurs de réussite d’une thérapie. |
Parmi les nombreuses approches psychothérapeutiques décrites sur le site PasseportSanté.net, celle-ci est probablement la plus marginale. On peut également dire qu’elle est la plus paradoxale, puisqu’elle ne prétend même pas guérir. Plutôt qu’une technique, l’abandon corporel est une façon de voir la vie que partagent un certain nombre de personnes actives dans la pratique psychothérapeutique. Avec comme chef de file un Québécois nommé Aimé Hamann, ces personnes sont engagées dans un mouvement collectif de réflexion et de recherche tant personnelles que professionnelles.
«L’abandon corporel, c’est comme une méditation à l’envers: ça consiste à se coucher sur le dos, les yeux fermés, et à ne rien faire. Rien. Ni se gratter, ni bouger le bras qui fatigue, rien, aucun mouvement volontaire. L’aidant, l’accompagnateur, le thérapeute s’assoit et place ses deux mains de chaque côté de la tête. C’est le «toucher-présence». Puis, tous les deux laissent la vie venir, laissent le corps manifester ce qu’il veut, ce qu’il est.» (Tiré du texteLa plongée de l’abandon corporel, voir Articles d’intérêt).
Au cours des années1970, la perception du corps passe résolument demécanisteàholistiqueet les nouvelles psychothérapies foisonnent. Le psychologue Aimé Hamann (également formé en philosophie et en théologie) commence alors, avec des collègues, à explorer l’utilisation du toucher en thérapie dans un espritnon interventionniste. Les thérapeutes observent que plusieurs sujets, une fois dans un état «d’être accueilli», s’abandonnent littéralement, au point d’avoir des manifestations physiologiques involontaires et spontanées (gestes, mouvements, sons, pleurs).
Pour expliquer ce phénomène, ils ont émis l’hypothèse que l’organisation de la vie manifestée par le corps, et propre à chacun, chercherait constamment à s’exprimer. Mais elle serait retenue par une autre organisation, celle de noscomportements socialisés et fonctionnels. Cette organisation de la vie porterait dans sa structure même les centaines de milliers d’années de son évolution depuis les êtres primitifs que furent nos lointains ancêtres.
Selon la théorie, plus un individu nierait l’organisation de sonmonde intérieur, plus il serait confronté aux aspects difficiles, douloureux et frustrants de l’existence humaine. Il serait ainsi sujet à toutes sortes de problèmes, dont les difficultés affectives et les maladies chroniques. Dans cette perspective, aucune intervention et aucun projet de changement n’ont de sens. Il n’existe pas de modèle auquel il faudrait correspondre. L’idée, la seule, est d’accueillir la vie telle qu’elle est organisée en soi. Même ce qu’on n’aime pas ou ce qu’on ne veut pas. «Se recevoir, en cela et en cela seulement, consiste le changement.»1
Selon la théorie toujours, accueillir une émotion ou une peur ne veut pas dire s’en libérer, car notre structure psychique est ce qu’elle est. Mais le fait de permettre et de reconnaître lesémotionsmodifie le rapport que l’on entretient avec soi et avec les autres. Ce qui bloque les rapports, c’est la fermeture. On dit que l’état d’accueil favorise la manifestation de notre mouvement intérieur: les mouvements physiques, les images, les pensées, les sensations, etc. Mais les séances d’abandon corporelpeuvent être frustrantes, car parfois, ou souvent, c’est comme s’il ne se passait rien. Mais il n’y a jamais rien, dit M.Hamann2. Il faut prendre le temps; c’est un processus infini.
Exigeant pour le thérapeute
Aujourd’hui, les praticiens de l’abandon corporel travaillent avec letoucheret laparole, mais l’essentiel, ce n’est ni le toucher ni la parole, c’est laprésence. La seule façon par laquelle un thérapeute peut favoriser ce rapport à soi chez le client, c’est d’être lui-même capable de se recevoir. Plus un thérapeute fait place à sa propre vie, plus il permet à la personne qui est là d’être comme elle est.
Mais attention: il ne s’agit pas d’«acceptation inconditionnelle» de l’autre. Selon les praticiens, cela est impossible. On peut juste accueillir l’autre tel qu’il est, tout en accueillant notre incontournable subjectivité à son égard.
Pour ce genre de travail, le thérapeute doit certes être compétent, mais en plus, il doit avoir fait un important cheminement dans l’accueil de soi et poursuivre sans cesse ce travail. Son projet, fort exigeant, ne consiste pas à guérir (les autres ou lui-même), mais à devenir avec les autres.
Une psychothérapie?
Pourquoi classer cette approche dans lespsychothérapies, tandis qu’elle ressemble plutôt à unephilosophieou même à une forme despiritualité? Parce que cette démarche n’est pas que cognitive, comme la philosophie, mais résolumentexpérientielle. Et qu’elle ne vise pas l’au-delà, comme la spiritualité (bien que son accueil de «ce qui est» lui confère une parenté avec les spiritualités, orientales notamment). Et parce que c’est dans la psychothérapie que l’abandon corporel trouve son lieu d’application par excellence. Selon les mots d’Aimé Hamann, il s’agit «d’un mouvement de recherche sur le sens de la vie qui utilise la psychothérapie comme outil».3
Applications thérapeutiques de l’abandon corporel
L’abandon corporeln’est pas indiqué pour les personnes qui désirent régler rapidement ce qu’elles voient comme un «problème», ou qui cherchent une recette pour le bonheur. Par contre, ceux qui voient la thérapie comme une recherche de sens ou comme un moyen d’explorer lesquestions existentiellesy trouveront un contexte favorable. Des psychothérapeutes en abandon corporel disent tout de même être en mesure de travailler avec des clients aux problématiques complexes et difficiles.
L’abandon corporel en pratique
L’abandon corporelse pratique autant en groupe qu’individuellement. Les rencontres de groupe, périodiques ou intensives, peuvent prendre diverses formes: soirées ou journées combinant travail corporel, échanges verbaux, réflexion ou discussion sur certains thèmes. Comme les autres types de thérapies de groupe, les séances d’abandon corporel favorisent, chez les participants, des manifestations qui touchent les autres, leur donnant ainsi accès à des éléments personnels souvent insoupçonnés.
Sur le site officiel, on retrouve une cinquantaine d’intervenants au Québec, en France et en Suisse. Il en existe d’autres qui n’y sont pas répertoriés.
Formation en abandon corporel
Il n’y a pas de formation professionnelle formellement organisée au Québec. Les personnes intéressées par cette pratique doivent d’abord se familiariser avec elle, comme clients.
Même après plusieurs années de pratique, les thérapeutes en abandon corporel continuent de se rencontrer régulièrement entre eux pour réfléchir et échanger sur leur approche.
En France, une formation étalée sur 4ans est offerte par l’Institut de Formation à la Psychothérapie en Abandon Corporel. Voir les Sites d’intérêt.
Abandon corporel — Livres, etc.
Hamann Aimé.Au-delà des psychothérapies: L’abandon corporel, Éditions Alain Stanké, Canada, 1996.Ces deux livres sont, comme l’approche qu’ils décrivent, d’une grande profondeur. Le ton parfois universitaire rend leur lecture exigeante.
Maugin Marcelle.Être psychothérapeute autrement, L’Harmattan, France, 2009.L’auteure examine la place du psychothérapeute dans la société contemporaine et traite entre autres d’abandon corporel.
Hamann Aimé, avec la collaboration de Deshaies Gilles, Dubé Clémence, Pelletier Roch, Richard Fernande et Rioux Gilles.L’abandon corporel, au risque d’être soi, Éditions Alain Stanké, Canada, 1993.
Abandon corporel — Sites d’intérêt
L’abandon corporel — le risque d’être
Le site officiel de l’approche, comprenant des réflexions de l’animateur principal, Aimé Hamann, et des textes de divers thérapeutes, ainsi qu’un répertoire de praticiens au Québec, en France et en Suisse (et quelques sites Web dans le répertoire).
www.abandoncorporel.ca
Institut de Formation à la Psychothérapie en Abandon CorporelL’Institut situé en France offre une formation d’une durée de 4ans.www.snppsy.org